Ces journées d’études trouvent naissance dans le cadre de notre travail coopératif à Calandreta et à Aprene. Elle est rendue également possible dans le cadre de « Tisser les lieux », l’un des chantiers mis en œuvre par le projet « Territoires en expérience(s) » accueilli par le Campus Condorcet à Aubervilliers. Aprene est adossé au laboratoire interuniversitaire Experice, et coopère plus particulièrement avec l’équipe réunissant l’Université de Paris 8 Vincennes-SaintDenis et l’Université de Pau. Le CIRDOC est le troisième partenaire naturel de cette série de séminaires, rendez-vous réguliers pour questionner nos pratiques de transmission et d’éducation Notre visée n’est pas celle de colloques, d’une « livraison de recherches » ou d’analyses déjà produites, mais celle d’un lieu et d’un moment de construction et de réflexion coopératives autour d’hypothèses et d’outillages dont la pertinence, les limites, les potentialités, ont été éprouvées par nos différentes expériences collectives et intimes. Nous souhaitons ne pas laisser s’étouffer ni se refermer un chantier dont la traversée forcée, subie et affrontée avec plus ou moins de sens, ne suffit pas à en faire un lieu suffisant de production de pertinence pédagogique : encore faut-il, pour cela, que nos mots viennent se tisser pour en tirer des outils et des principes souvent rénovés, parfois abîmés, rarement décrédibilisés.
Seminari 1 (17/11/2021)
L’ordinaire de notre travail à l’épreuve de l’extra-ordinaire du confinement. La traversée de deux années de confinement a été bouleversante : pour le pire a priori, parfois aussi pour du meilleur, mais surtout, si l’on sait y prendre garde, pour de l’incalculable. Or pour la pédagogie que nous tentons de mettre en œuvre, la plus importante des tâches consiste à savoir accueillir l’incalculable, la singularité de chaque être, le hasard d’un quotidien forcément branché sur la vie comme elle (ne) va (pas toujours très bien), et à partir de cela, s’organiser coopérativement pour faire naître un milieu commun de travail et d’existence, soutenant, respectueux. Formation enseignante coopérative, accueil des singularités culturelles et linguistiques, espace relié et disparité dans la transmission : autour de l’expérience d’Aprene, entre multilinguisme immersif occitan et pédagogie institutionnelle, et de quelques autres cas de coopération entre des praxis pédagogiques, en France et à l’étranger, nous avons ressenti l’envie, et le besoin, de rassembler nos expériences. Par-delà la disparité dans nos procédures de transmission : Qu’est devenue la vie coopérative, à l’épreuve du confinement ?
Seminari 2 (01/06/2023)
Quelles sont les conditions sine qua non pour une formation enseignante, ou éducatrice, aux pédagogies coopératives (pédagogie Freinet, pédagogie institutionnelle, ou quelque autre non-estampillée, pour peu qu’elle en ait, et l’éthique, et l’exigence) ? À quel prix peut-on la mettre en place ? Quelle valeur peut-il en naître ? Ce prix, et cette valeur, reposent dans le paradoxe qui veut que l’on ne peut pas imposer une pédagogie du désir — désir de l’enfant, de l’adulte, du groupe. On peut seulement imposer à quiconque veut s’en réclamer d’en traverser l’épreuve suffisamment longtemps pour savoir, intimement, s’il, ou elle, désire véritablement s’y engager, c’est-à-dire assumer les conséquences d’une telle décision. C’est rejoindre la question qui nous importe aujourd’hui plus que tout : comment non seulement former à, mais par, une pédagogie coopérative ?
Seminari 3 (11/10/2023)
En particulier, il est certaines expériences qui ont réussi à s’établir comme lieux de formation entièrement structurées sur de telles pédagogies. Parmi elles, ni la première, ni la seule, il y a celle d’Aprene. C’est sur cette expérience, qui est la nôtre et dont nous assumons le résultat, que nous souhaitons revenir, afin de questionner ces conditions sine qua non qui se sont imposées au fur et à mesure de vingt-cinq années de « tâtonnement expérimental ». Ces conditions concernent le plan de la pédagogie coopérative, de l’organisation générale du travail libre et responsable, tant collectif que personnel. Elles concernent également le lien avec l’enjeu multilingue et multiculturel, porté par la constellation linguistique et culturelle occitane qui fait le trait distinctif et enracinant des Calandretas — une distinctivité qui n’a nullement empêché une ouverture, tant des classes que de la formation, sur l’accueil d’autres langues, d’autres cultures, d’autres pratiques.